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mercredi 3 novembre 2010

Lettre ouverte aux bailleurs de fonds, aux organisations de défense des victimes du 28 septembre 2010 et à la Cour Pénale Internationale

 Depuis le 21 juillet 2010 l’Etat guinéen a jugé opportun, pour des raisons que nous ignorons, d’indemniser certaines victimes des « bérets rouges de la garde présidentielle ». Ces indemnisations interviennent pour des dommages matériels (atteinte aux biens) survenus dans la suite des événements du 28 septembre 2009. Ces événements ont fait plus de 150 morts, plus de 150 femmes violées et des centaines de blessés et mutilés. Plusieurs commerces et habitations appartenant à des privés ont également été pillés et détruits par des éléments des forces de l’ordre.
 A la tête des manifestants qui ont été massacrés se trouvaient plusieurs autres leaders politiques dont entre autres Mouctar Diallo (NFD), Dr Diané (RPG), François Lounceny Fall (FUDEC). Ce dernier a la particularité d’avoir également vu son domicile saccagé par des militaires.
 Quelle stupéfaction d’apprendre que M.M. Sydia Touré et Cellou Dalein Diallo, candidats à la magistrature suprême de leur état, se sont arrogés le droit de se considérer comme des victimes privilégiées et ont demandé et obtenu des dédommagements à hauteur de, tenez vous bien, 2 milliards de francs guinéens chacun !
 Il importe peu que, pour couvrir ce scandale, Cellou Dalein Diallo ait créé une fondation (plus d’un an après les évènements et un mois après avoir reçu l’indemnité), l’argent a été viré à son  nom, sur son compte et pour des dommages à son domicile.
  Le procédé est abject, indécent, malhonnête et déshonorant aussi bien pour l’Etat guinéen que pour ses bénéficiaires.
 Ceux qui sont allé au stade le 28 septembre 2009 ne l’ont fait que parce que leurs leaders en qui ils avaient une confiance sans limité, les y ont exhorté. Ces manifestants, bien que conscient du danger qui les guettaient ont voulu croire en la bonne foi et en l’idéal de leur leaders, c’est pourquoi ils les ont suivi les yeux fermés. Si ils avaient su qu’au moment d’indemniser des éventuelles victimes, les biens matériels de leur leaders passeraient avant leur vie ou leur intégrité physique, ils n’y seraient pas allé non plus et ces leaders ne seraient sans doute plus les leurs.
 C’est ici que cette pensée de Paul Valéry prend tout son sens : "La guerre, c'est ce massacre de braves gens qui ne se connaissent pas pour le compte de gens qui eux se connaissent mais ne se massacrent pas".
 En l’occurrence non seulement les commanditaires du massacre du 28 septembre et les leaders présents au stade ne se massacrent pas mais ils pactisent sur le dos de victimes pour se partager la manne consécutive à cet événement.
 Tous ceux qui ont participé à ce partage macabre font la honte de notre pays vis-à-vis de la communauté internationale.
 Toutes les ONG’s qui prétendent défendre les intérêts des victimes du 28 septembre 2009 et qui se taisent sur cette forfaiture se rendent complices de cette trahison. Où sont l’OGDH, la RADDHO, la FIDH, Amnesty International, Human Right Watch, l’ONDH, l’AVIPA, AGORA, etc ?
 Pourquoi se taisent-elles sur ce scandale ? Pourquoi ont-elles l’émotion si sélective ? Pourquoi n’exige-t-elles pas de l’Etat guinéen, qui vient ainsi de reconnaître sa responsabilité d’indemniser également les autres victimes ?
 Aujourd’hui toutes les victimes du 28 septembre 2009 sont en droit soit d’exiger de l’Etat guinéen la restitution intégrale des sommes versées, soit de réclamer au moins le même montant pour chacune d’entre elles.
 A présent quoiqu’il arrive, au moment où la CPI tente d’obliger la Guinée à poursuivre les auteurs des massacres du 28 septembre et pendant que les partenaires de la Guinée tentent d’assister les victimes concernées, cette indemnisation scandaleuse et le silence qui l’accompagne resteront comme une tâche indélébile sur la mémoire de ceux et celles qui sont tombés ce jour là.
 Balakhissa Samoura

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