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dimanche 19 décembre 2010

AIDER LE PROFESSEUR CONDE

Le Professeur Condé insiste sur la nécessité de changer de mentalité, car le retard de ce pays est lié à la malgouvernance. A lui seul, il ne pourra pas réussir, d'ou l'obligation de l'accompagner, que l'on ait voté pour lui ou non, car il propose un nouveau paradigme basé sur la récompense du mérite. La Guinée n'a pas le choix, elle réussit le test de passage ou elle disparait.
AIDER LE PROFESSEUR ALPHA CONDE
Le nouveau président Guinéen essaye d’expliquer à tout le monde, y compris à ceux qui l’ont porté au pouvoir, que le temps du partage du festin est révolu. Ce beau pays ne saurait se réduire à un gâteau divisible en plusieurs tranches. Il a raison. Son long combat solitaire, il l’a mené sans se compromettre avec les régimes successifs. Peu d’opposants ont pu résister à autant de tentations. Loin de moi le sentiment d’idéaliser le professeur Condé, c’est un homme avec ses forces et faiblesses. Mais je le crois sincère dans ses propos, sinon il n’a aucun intérêt politique faire de telles déclarations. Il connait profondément la sociologie de ses compatriotes, et il sait mieux que quiconque que la tâche ne sera pas aisée, car les mauvaises habitudes sont tenaces et le plus difficile c’est de changer l’esprit de l’homme pour reprendre Robert Mac Namara. S’il est seul dans ce combat, il ne réussira pas, car nombreux sont ceux qui souhaitent, ou le statut quo ou le retour à la situation ante. Les Guinéens de bonne volonté, patriotes, doivent se ceindre les reins pour que ce pays puisse renaitre de ses cendres après toutes ces années de mal gouvernance. Il est plus que nécessaire que les justes aient le dessus sur un combat qui s’annonce impitoyable. Le professeur Condé ne doit surtout pas négliger la capacité de résistance de ses fossoyeurs de l’économie. Ils ne désarmeront pas facilement. L’insistance du président de la république sur la nécessité de changer est dictée par le fait qu’il est conscient que ce fléau est présent dans toutes les couches socioéconomiques du pays. Si on part du postulat que désormais dans nos pays, il nous faut plus des institutions fortes que des hommes forts, le premier combat sera de mettre en place de telles institutions.
La Guinée pourra s’inspirer du modèle sénégalais sur plusieurs domaines :
• Création d’une autorité de régulation des marchés publics, dont la principale mission sera de veiller, dans le cadre de l’octroi des marchés publics à une généralisation des appels d’offres au détriment du gré à gré. Cette autorité qui sera indépendante, pilotée par des personnes compétentes, honnêtes et intègres, permettra au pays de faire des économies substantielles tout en favorisant la délivrance de prestations de qualité de la part des opérateurs privés engagés dans les compétitions. (Au Sénégal, cette autorité a permis de faire des économies de l’ordre de 52 milliards CFA, soit 520 milliards de FG).
• Mise en place d’une cellule de réflexion sur le secteur minier, cette instance qui devra regrouper une équipe pluridisciplinaire (économistes, ingénieurs des mines, négociateurs..), s’occupera de l’ensemble des questions relatives au potentiel minier, en plaçant toujours les intérêts du pays en avant. La Guinée doit profiter pleinement de son potentiel minier dans un partenariat gagnant/gagnant avec les grandes multinationales. Le Sénégal a réussi à nouer ce type de partenariat avec la société qui exploite l’or de la région de Kédougou (construction d’écoles, de centres de santé….).
• Création d’une agence de lutte contre le blanchiment d’argent.
• Créer une vraie armée républicaine, professionnelle et bien équipée. Il ne sert à rien d’avoir une pléthore de militaires qui passent leur temps à se tourner les pouces dans les casernes. Un effectif de 20.000 hommes est raisonnable avec au moins 5.000 gendarmes et policiers. La police ne doit pas être militarisée, elle doit dépendre du ministère de l’intérieur. La gendarmerie assurera la défense des institutions républicaines, ce corps devra accueillir des éléments compétents, loyaux avec un sens élevé du patriotisme. L’administration guinéenne devra être totalement démilitarisée, sauf situation exceptionnelle. Il revient à des administrateurs civils d’occuper tous les postes de commandement administratif. Par contre, comme l’a dit le président Condé, l’armée pourra en dehors de sa mission traditionnelle, aider à construire des infrastructures vitales (pont, grandes zones agricoles aménagées..), par le biais du génie militaire. Les armes devront être centralisées dans des poudrières hautement sécurisées, car ce sont des outils de travail pour le militaire et non un moyen pour terroriser la population. La gendarmerie sera garante de la justice militaire, car en créant ce corps d’élite, Napoléon a voulu que les militaires coupables de délits soient arrêtés par leurs pairs. Si le Sénégal a été à l’abri des coups d’états ce n’est pas parce que ses militaires sont moins « bouillants », ni moins ambitieux que les autres, au contraire, mais c’est surtout parce que le dispositif mis en place ne facilite pas l’exécution d’une telle opération. Pour exemple, seul le président de la république peut mettre en mouvements les unités de réserves générales (commandos, blindés, parachutistes…). Même le Chef d’Etat major général des armées ne peut pas commander directement ces troupes sans l’aval du Chef de l’Etat. C’est parce que c’est le président qui est le dépositaire des suffrages, lui seul à l’autorisation du peuple pour agir. Tous les autres doivent se soumettre à son autorité, c’est pourquoi, l’autorité militaire doit être subordonnée à l’autorité civile, il en est ainsi dans toutes les démocraties, et la Guinée doit y tendre irrémédiablement.
• Réfléchir sur la monnaie et l’intégration. Quel sera le rôle du pays dans l’espace UEMOA et quel avenir pour le Franc Guinéen. Le pays devra-t-il intégrer la zone CFA pour des échanges plus importants avec les Etats de cette zone monétaire. Durant ce premier quinquennat, une réponse stratégique devra être apportée à cette question.
Comme je l’ai déjà dit, il ne faut pas s’attendre à des miracles. La vie quotidienne des guinéens ne sera pas transformée du jour au lendemain à partir du 21 décembre. Par contre, ce pays a l’occasion, après la première élection démocratique de son histoire, de rebâtir un nouveau pays. Mais la pierre angulaire de cette reconstruction est l’homme guinéen. Chacun devant sa conscience devra être le juge de ses actes. Il ne faut pas oublier non plus que s’il y a un corrupteur c’est qu’il y a également un corrompu. Il ne sert à rien de jeter la pierre sur l’autre, encore faudrait t il que l’on soit sans reproche. Par le passé, tout le monde a pu bénéficier des travers du système, militaires comme civils, tout le monde doit de la même manière être conscient de la nécessité de changer. L’Etat doit au demeurant être fort, et quand il s’agira de punir, la justice de devra pas trembler. Il est important de toujours donner le bon exemple. Si le premier des Guinéens prouve tous les jours qu’il est déterminé à instaurer un véritable changement, et qu’il ne transigera pas sur ses convictions, alors l’espérance sera au rendez vous. Il ne doit pas se préoccuper de la prochaine élection présidentielle, car il sera jugé sur pièce. Sa réussite sera celle de tous les Guinéens, son échec également. Il faudrait en tout cas, avoir à l’esprit que des milliers de personnes se sont sacrifiées pour l’avènement d’un jour nouveau. Ce pays peut rattraper son retard économique, pourvu seulement qu’il ne rate pas ce rendez vous crucial avec l’histoire. En ce jour du nouvel an musulman, je formule des vœux de paix, de concorde,et de réussite pour ce pays frère.
Abdoulaye DIALLO
Cadre Administratif (Dakar/SENEGAL)
Vuvuzela79@yahoo.fr

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